L’institut de mécanique des fluides de Toulouse (IMFT) est aujourd’hui une unité mixte de recherche associant le CNRS, l’institut national polytechnique de Toulouse et l’université Toulouse 3 Paul Sabatier. Son domaine de recherche consiste tant dans les aspects fondamentaux que dans le champ d’applications des phénomènes physiques relatifs aux écoulements (aérodynamique, hydrodynamique, combustion en milieu turbulent, dynamique des bulles, etc.).
Créé en 1930 à l’instigation du ministère de l’air par l’université de Toulouse [Voir FRAD031 2559 W 162, archives du rectorat, dossier de création de l’IMFT (1929-1947).], l’IMFT succède à l’Institut d’électrotechnique et de mécanique appliquée fondé en 1913. La soufflerie aérodynamique qui, dès 1938, jouxte le laboratoire de recherches hydrauliques situé depuis 1920 sur le site de Banlève, confirme l’établissement dans sa vocation aéronautique.
Une subvention extraordinaire du ministère de l’air de 525 000 francs octroyée en 1936 permet la mise en chantier d’une soufflerie subsonique [D’une vitesse de 40 m/s, soit 144 km/h.] de type Eiffel dès 1937. La construction en est achevée l’année suivante. Elle est composée d’une veine d’un diamètre de 2,40 m, d’une chambre d’expérience, d’un ventilateur et d’appareils de mesure. Les premiers essais industriels sont réalisés en janvier 1939 sur la maquette de l’avion Dewoitine D.342, la Société nationale de constructions aéronautiques du Midi (SNCAM) étant le premier client en date de la soufflerie [7003 W 2].
La veine débouchant à l’air libre, elle souffre d’une grande sensibilité aux conditions atmosphériques dont l’influence sur les mesures effectuées voire même l’arrêt de celles-ci entraîne la décision de recouvrir l’ensemble de la soufflerie. C’est ainsi qu’un hall et des dépendances attenantes sont édifiés entre 1940 et 1941 selon les plans des architectes René Kieger et Robert Trilhe. La soufflerie peut désormais fonctionner quels que soient le temps et l’heure.
Ni l’entrée en guerre en 1939 ni l’occupation allemande à partir de novembre 1942 n’affectent l’activité de la soufflerie, bien au contraire : du fait du petit nombre d’équipements de ce type sur le territoire français et notamment en zone non occupée, le service technique de l’aéronautique (STAé) sollicite fréquemment la soufflerie toulousaine. Le personnel ayant souvent du mal à répondre à toutes les demandes d’essais (qui émanent exclusivement d’entreprises françaises), le STAé est amené à établir des ordres de priorité. La soufflerie fonctionne alors 60 heures par semaine.
En juin 1943, l’hélice du ventilateur est gravement endommagée, ce qui immobilise la veine durant de nombreux mois. Ce n’est qu’en avril 1944 que la soufflerie reprend son activité, laquelle reste presque exclusivement consacrée à l’aéronautique jusqu’au début des années 1950. L’orientation se diversifie alors vers d’autres sujets d’étude comme les voilures tournantes (éoliennes), les missiles et fusées… Devenu une unité du CNRS à partir de 1965, l’IMFT se consacre logiquement de plus en plus à la recherche scientifique pure et tend à délaisser les essais à caractère industriel. De fait, le dernier essai ayant pour objet un aéronef est effectué en 1970 .
La diversification des essais effectués au cours des années 1970 et 1980 est perceptible à travers les derniers rapports rédigés : étalonnage d’anémomètres, étude des rejets de fumées émises par des cheminées d’usines (Toulouse, Rouen et Martinique) ou de l’effet du vent sur les réservoirs de Villepinte, ainsi que des études purement scientifiques comme l’analyse expérimentale du comportement d’une flamme de diffusion soumise à un vent transverse ou une approche numérique et expérimentale d’écoulements autour d’un obstacle parallélépipédique. Le dernier rapport, daté de 1996, porte le no 1106.